Bonjour Joslan, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Alsacien de naissance, je vis en région parisienne depuis toujours. J’ai 47 ans et je publie des livres (guides pratiques, essais, biographies) depuis bientôt vingt ans. Ce n’est qu’en 2011 que je me suis lancé dans la fiction jeunesse avec la série « Via Temporis » publié chez Scrinéo Jeunesse. Passionné d’histoire, grand amateur de mystères et d’énigmes, je suis en permanence en quête d’histoires extraordinaires pour nourrir mon imagination… et mes romans.
Quand vous lancez « Via Temporis », il est acquis que cela sera une série ?
A l’origine, « Via Temporis » est un concept imaginé au milieu des années 2000 par mon éditeur Jean-Paul Arif pour un « street game » interactif dans lequel les joueurs recevaient des indices par SMS. Il a voulu ensuite décliner l’histoire sous forme de romans jeunesse et m’a proposé de travailler sur le premier tome d’une aventure conçue d’emblée comme une série à épisodes. Chaque roman vise à mettre en scène une période précise de l’histoire.
Pouvez-vous nous présenter les protagonistes récurrents de la série ?
« Via Temporis » relate les aventures dans le passé d’un couple d’étudiants parisiens, Charlotte Champlain et Mathias Brume qui, un jour d’hiver 2012, font la connaissance d’Aimery de Châlus, un vieux professeur de la Sorbonne. Ce dernier leur révèle son incroyable secret et leur ouvre les portes du voyage dans le temps….
Bientôt, le brun Mathias, la blonde Charlotte et le dégarni Aimery forment un trio quasi inséparable qui unit ses forces pour déjouer les manigances machiavéliques de l’inévitable « méchant », le cynique Darkvenom, dont on ne connait ni l’identité, ni les réelles motivations.
Et en « guest stars », nous avons la galerie de personnages historiques célèbres que nos héros sont amenés à croiser lors de leurs pérégrinations temporelles, de Marie-Antoinette à Philippe le Bel, en passant par Néron et Léonard de Vinci….
Pourquoi avoir choisi le thème des voyages dans le temps ?
Le voyage dans le passé était au coeur du concept initial de jeu historique. Il s’agit aussi d’une manière bien pratique de confronter le présent et le passé, dans le cadre d’une fiction. Car ce qui est le plus passionnant, c’est peut-être moins de décrire une période révolue (ce que font déjà très bien les historiens) que de plonger des êtres d’aujourd’hui, et surtout des jeunes, dans un univers disparu. Le choc des savoirs et des mentalités est un formidable terreau pour la narration.
Quelles sont les difficultés d’un tel thème ?
Le voyage temporel introduit, à mon sens, deux types d’écueil. Il faut d’abord tenter de décrire le passé aussi fidèlement que possible, sans anachronisme ni préjugés véhiculés par notre propre perception du XXIème siècle. Je pense notamment à notre conception moderne de la peine de mort, des droits de l’homme, etc. Cela nécessite une volumineuse et fastidieuse documentation en amont de l’écriture proprement dite.
L’autre obstacle tient au voyage dans le temps lui-même : il faut s’astreindre à éviter les paradoxes temporels, les erreurs de chronologie et bien gérer les allers et retours entre présent et passé. Dans « Via Temporis », le temps est une sorte de tapis roulant, si vous sautez dans le passé, vous prenez le temps en marche et votre présent continue d’avancer en votre absence. Si vous passez deux jours sous Louis XVI, deux jours se seront écoulés à votre retour en 2013. Pour compliquer la tâche de nos héros, l’appareil qui leur permet de se transporter dans le temps possède ses propres contraintes : on ne peut s’en servir qu’une fois par heure, il faut se trouver à l’endroit précis que l’on veut atteindre dans le passé, on ne peut pas voyager vers le futur, la batterie fonctionne à l’énergie solaire, etc.
Quels sont les livres ou films traitant du voyage dans le temps qui vous ont marqué, et peut-être inspiré pour « Via Temporis » ?
C’est un thème de science-fiction qui m’a toujours passionné, donc difficile d’extraire une oeuvre plutôt qu’une autre. Malgré tout, du côté des films, je citerais « La planète des singes » avec Charlton Heston (notamment la scène finale), « La Jetée » de Chris Marker, la série des « Retour vers le futur » de Zemeckis, « Peggy Sue Got Married » de Coppola et même « Les Visiteurs » de Jean-Marie Poiré !
Pour les romans, je mentionnerais « Les Temps Parallèles » et les « Déportés du Cambrien », deux fabuleux romans de Robert Silverberg ainsi que le « Jesus Video » d’Andreas Eschenbach, sans oublier le tout récent « 22/11/63 » de Stephen King.
Outre les « Aventures de Fantômette », « Via Temporis » est aussi un hommage aux géniaux « Conquérants de l’impossible » de Philippe Ebly qui ont enchanté mes lectures de jeunesse, tout comme « Bob Morane » de Henri Vernes dont « L’épée du Paladin » a droit à un clin d’oeil admiratif et respectueux dans « Opération Marie-Antoinette » !
La maquette de chaque livre met en avant les dates visitées par les héros. Comment l’avez-vous travaillée ?
Nos jeunes lecteurs n’étant pas toujours familiers avec les enchaînements des faits historiques, il était important qu’ils puissent facilement replacer le déroulement des aventures de Charlotte et Mathias au sein de la « grande » Histoire. La frise de départ donne quelques dates de référence sans être scolaire. Chaque chapitre indique le jour précis, voire l’heure lorsque c’est possible, et le lieu de l’action. Ainsi, le lecteur sait d’emblée si l’action se déroule dans le passé ou le présent. Pour donner plus d’authenticité, j’ai choisi de noter les dates en latin dans « Via Temporis 3 » (dans une version simplifiée car la formulation officielle se déroule sur trois lignes !)
Vous avez écrit le premier et le troisième épisode de la série. Est-ce difficile de revenir sur des personnages qui ont eu une vie à travers une autre plume que la vôtre ?
Non, pas vraiment car la série « Via Temporis » fait d’objet d’une « bible » comme une série télévisée. Les auteurs ont une sorte de cahier des charges qui leur précise les caractéristiques de chaque personnage et ce que l’on sait d’eux. De plus, lorsqu’Aurélie Laloum a écrit « Via Temporis 2 », j’ai suivi de près le développement de son intrigue pour pouvoir déjà anticiper celle que j’allais créer pour le tome 3. Pour être tout à fait franc, je crois que nos personnages mènent une vie indépendante de celle de leurs « auteurs »….
D’autres épisodes sont-ils prévus ? Et si oui, quels seront les périodes visitées ?
Pour l’heure, la série « Via Temporis » comporte trois tomes. C’est à notre éditeur de nous dire s’il souhaite prolonger ou clôturer l’aventure par un ou deux nouveau tomes. Rien n’est fixé, mais des périodes historiques ont été évoquées : les Vikings, l’Empire Napoléonien, l’Egypte antique…
À la fin de chaque histoire, vous prenez quelques pages pour expliquer vos choix d’écriture. C’est important pour vous ?
Je ne suis pas le premier auteur à le faire. Stephen King, pour ne citer que lui, excelle dans cet exercice. A mon niveau, bien plus modeste, j’essaye d’apporter un nouvel éclairage sur l’aventure qui vient d’être lue. Je me suis dit que certains lectrices ou lecteurs trouveraient intéressants de jeter un oeil dans les coulisses…. C’est également important, dans un souci d’honnêteté, de faire la part entre ce qui est vrai et ce qui est imaginé dans le récit. Je me vois mal dire à mes jeunes lecteurs que tout ce qu’ils ont lu est « avéré », comme Dan Brown dans « Da Vinci Code » ! Et c’était amusant et instructif de raconter ce que devenaient tous les personnages réels, une fois lue la dernière ligne du roman. Ces annexes sont, en quelque sorte, les « bonus » du roman, à l’instar du blog officiel de la série qui propose des photos sur les personnages et les lieux visités.
Avez-vous d’autres projets en dehors de cette série ?
Je travaille actuellement sur un livre relatant des histoires énigmatiques, plutôt méconnues mais très documentées et surtout jamais expliquées. Toujours ma passion pour les mystères de notre monde ! J’espère publier cette compilation de récits d’ici l’été 2014.