Jean-Paul, pourriez-vous vous présenter en quelques mots, puis nous raconter comment et pourquoi la création des éditions Scrinéo ?
J’ai toujours su que j’aurai deux vies professionnelles successives. Aussi, après quinze ans dans l’industrie, où j’ai dirigé des filiales d’EADS, je me suis lancé dans l’édition. La deuxième vie est celle de la passion.
J’ai donc créé Scrineo en 2005 avec un premier concept assez novateur, un jeu de piste sur téléphone portable, Via Temporis, qui faisait voyager deux étudiants dans le temps pour résoudre des énigmes de l’histoire. Peu après, en 2006, nous publions nos premiers livres sous le label « Les Carnets de l’Info » – des documents, des essais, des guides pratiques…
C’est en 2010, que Scrineo développe une nouvelle branche de son activité en se lançant dans la fiction avec des thrillers pour adultes et des romans jeunesse/ jeunes adultes.
Présentez-nous votre maison d’édition : collections, public visé, ligne(s) éditoriale(s)…
Scrineo est une maison d’édition profondément généraliste avec un fil rouge autour de la connaissance… « Savoir, c’est être libre » pourrait être notre devise ; c’est en tous cas l’objet de la revue l’éléphant, un trimestriel de culture générale que nous avons lancé en janvier dernier et qui connaît un fort succès. Dans nos collections non-fiction (documents, essais, guides pratiques, etc.) qui traitent parfois de sujets pointus, nous nous attachons à élargir le public sur le sujet.
De même, en fiction, nos ouvrages comportent un cahier documentaire léger. C’est le cas des séries FBI animaux disparus ou Les avatars de Gaspard, de Via Temporis, de Joslan F. Keller, où nous avons inséré des frises chronologiques et un topo sur les personnages historiques, de Roman d’horreur, d’Arthur Ténor, où nous avons prolongé la lecture par un dossier sur les films d’horreur culte.
La segmentation des romans jeunesse est très délicate pour un éditeur
Nous pouvons toutefois différencier 2 types d’ouvrages :
– Les séries de format semi-poches, d’environ 150 pages qui touchent les jeunes de 8 à 13 ans environ : FBI, animaux disparus, Les Avatars de Gaspard, qui sont des séries d’aventures mettant en scène un trio de héros qui résout des enquête, la première autour d’animaux disparus, la deuxième grâce au pouvoir de Gaspard se s’approprier les dons d’autrui en enfilant un vêtement.
– Nos autres ouvrages touchant un public à partir de 12 ans et souvent jeune adulte comportent une dimension fantastique : Les Haut-Conteurs, d’Oliver Peru et Patrick Mc Spare Le Livre de Saskia, de Marie Pavlenko, etc.
Nous constatons régulièrement en échangeant avec nos lecteurs et en allant sur des salons à quel point le public de romans de l’imaginaire est large. Les ouvrages des auteurs présents sur le Salon des Halliennales : Zoanthropes, Les Lumières de Haven et Via Temporis ont su toucher des jeunes de 10 à 30 ans, et parfois mêmes au-delà.
Pensez-vous vous ouvrir à d’autres registres dans les temps à venir, ou voulez-vous garder exclusivement cette ligne fantastique ?
Les collections fantastiques continueront à se développer car nous continuons à recevoir des textes de très bonne qualité dans ce registre. Il y a une vraie créativité autour des genres fantastiques qui permettent à l’auteur de créer son propre univers et de faire passer des messages.
Mais nous n’excluons pas d’élargir le spectre de nos publications vers d’autres genres.
On retrouve, dans votre organigramme, quelques « noms », comme par exemple Arthur Ténor, en charge d’une collection jeunesse. Pour autant, vos auteurs semblent tous être des jeunes auteurs, pas forcément parmi les plus connus (même si ça ne saurait tarder) : volonté de votre part de dénicher de jeunes talents ? Contrainte éditoriale ? Un peu des deux ?
Nous sommes très fiers d’avoir contribué à lancer de jeunes auteurs dont nous avons publié le premier roman : Marie Pavlenko pour Le Livre de Saskia, Olivier Peru et Patrick Mc Spare pour Les Haut-Conteurs, qui sont aujourd’hui régulièrement invités dans les salons, ont reçu des prix, etc.
C’est aujourd’hui le tour d’auteurs tels que Matthias Rouage, Pauline Bock ou Emma Sha, qui ont publié leur premier roman chez Scrineo en 2013. Il semble que des sélections à des prix soient en cours…
Mais nous sommes heureux aussi d’avoir gagné la confiance d’auteurs plus « confirmés » tels qu’Arthur Ténor, mais aussi Alain Ruiz qui a fait quelques best-sellers au Canada ou Luc Banvillain dont les ouvrages paraîtront en début d’année 2014.
De manière générale, notre goût nous porte plus volontiers vers les publications d’auteurs français, ou francophones et il se trouve que nous trouvons amplement de quoi nourrir notre catalogue dans ce vivier !
Pour autant, jeunesse n’est pas forcément synonyme d’inexpérience. J’ai en effet été frappé, à la lecture de votre production, par la grande maîtrise, à la fois scénaristique, mais également stylistique, de vos auteurs. Comment travaillez-vous avec eux ?
Nous sommes très sélectifs sur nos publications : nous recevons beaucoup de manuscrits mais publions peu. Nous n’avons pas de genre de prédilection, et pouvons accepter tout texte dès lors qu’il a quelque chose de personnel, d’exceptionnel. Un roman, c’est forcément une oeuvre exceptionnelle ! – car il doit apporter quelque chose de nouveau à ce qui a déjà été publié – un style, un ton, un univers, des personnages, une histoire…
Lorsque nous choisissons un texte, nous nous investissons avec l’auteur pour que son texte soit le plus abouti possible ! Selon les cas, nous leur proposons des ajustements, qui permettent à l’intrigue de gagner en efficacité.
Pouvez-vous nous présenter plus particulièrement chacun des trois auteurs présents aux Halliennales, et nous donner envie de les découvrir ?
Joslan F. Keller, Matthias Rouage et Pauline Bock ont comme point commun d’avoir publié leur premier roman chez Scrineo !
Joslan F. Keller est l’auteur de deux épisodes de Via Temporis et a contribué, très en amont, avec moi, à définir « la bible » de la série. Il est né aux deux tiers du siècle dernier. On sait très peu de choses sur lui, hormis qu’il a d’abord cherché sa voie dans le journalisme et la production de films. Aujourd’hui, il baigne dans le milieu des nouvelles technologies, travaillant le jour, écrivant la nuit. Grand amateur de musique rock et de mystères irrésolus, Joslan F. Keller mène des enquêtes virtuelles sur le Net. Grand voyageur dans l’âme, il entreprend souvent des expéditions sur des sites historiques bien réels.
Pauline Bock a 20 ans à peine. Elle est étudiante à Sciences Po Paris. C’est pendant ses années de lycée qu’elle a imaginé et écrit l’univers passionnant des Lumières de Haven. Son premier roman qui nous dépeint une utopie, avec brio, est original et ambitieux. Complots, suspense, guerre et amour se mêlent au conte philosophique pour nous offrir une aventure romanesque parfaitement maîtrisée.
Une jeune auteure à découvrir, qui a su unir avec talent ses passions pour la littérature du XVIIIe siècle et pour les grands récits d’aventure.
Comme Matthias Rouage, elle m’a rencontré en se présentant directement dans les bureaux de Scrineo pour déposer son manuscrit !
Mathias Rouage a 24 ans et vit à Lyon. Passionné de littérature imaginaire, de bandes dessinées et de cinéma, il a un déclic en rencontrant l’auteur Erik L’Homme qui va l’encourager à poser sur le papier toutes les histoires qu’il avait en tête depuis tant d’années. Zoanthropes est son premier roman.
Quelles sont vos nouveautés de la rentrée à ne pas rater, et vos ambitions dans les mois à venir ?
Nous avons une rentrée 2013 très orientée vers la fiction jeunesse.
Outre deux épisodes des Avatars de Gaspard de Sylvain Lignac et Louise Revoyre, et un épisode de FBI animaux disparus de Gérard Lecas, nous sortons, entre autres, le deuxième et dernier tome de Zoanthropes de Matthias Rouage, qui réserve bien des surprises au lecteur.
En outre, nous publions le troisième et dernier tome du Livre de Saskia, très attendu par les milliers de fans qui nous écrivent régulièrement depuis quelques mois pour nous demander sa date de sortie.
Nous sortons enfin le premier tome d’une série événement : Les Héritiers de l’Aube, de Patrick Mc Spare, l’auteur des Haut-Conteurs (série vendue à 50 000 ex) qui revient avec des aventures historico-fantastiques qui ne manqueront pas de ravir ceux qui avaient aimé ces premiers romans.
Puis, en 2014, nous aurons un nouveau roman de Gabriel Katz, qui a reçu le Prix des Imaginales 2013 (catégorie roman francophone) pour Le Puits des mémoires : l’héroïne sera féminine et le titre est La Maîtresse de guerre.